C'était le soir du 24 Décembre.
De gros flocons de neige venaient tapisser les trottoirs.Une petite fille marchait dans le froid, la tête et les pieds nus. Sa mère lui avait bien donné des pantoufles mais elles étaient trop grandes pour elle.
Elle les avait perdues en traversant la rue et un garçon était parti avec en courant...
Ses pieds gelés lui faisaient mal et ses mains étaient rouges et toutes engourdies.
Mais la pauvre fillette n'osait pas rentrer chez elle. Elle n'avait pas vendu une seule boite d'allumettes et son père la bâterait sûrement.
Le vent glacial lui pinçait les joues et s'engouffrait dans son cou.
Épuisée et transit par le froid, elle alla se blottir contre un mur au coin d'une rue.
Elle avait si froid, la pauvre, si elle osait craquer une allumette, elle pourrait se réchauffer les doigts !
"Juste une", pensa-t-elle, "papa ne s'en rendrait pas compte".
Alors elle en prit une dans un paquet et l'alluma. La petite entoura la flamme de sa main et il lui sembla qu'elle se trouvait devant un gros poêle en fer où crépitait un bon feu.
Elle voulut étendre ses jambes pour les réchauffer mais tout à coup le poêle disparut. L'allumette s'était éteinteAlors la fillette en craqua une autre.
Cette fois-ci, elle éclaira le mur et put voir à travers !
Il y avait une grande table avec une jolie nappe et des bougies ; de la vaisselle en porcelaine et au milieu, une belle oie rôtie fourrée de marrons et de pommes.
Comme elle sentait bon !
La petite fille tendit le bras pour y goûter mais ne toucha que le mur gris et froid. Le festin avait disparu. Il ne restait qu'un bout d'allumettes noir et brûlé entre ses doigts.
Elle alluma encore une allumette et là, elle vit un immense sapin de noël. Le plus beau qu'elle avait jamais vu. Il scintillait et ses branches étaient garnies de mille petites lumières.
Mais l'allumette s'éteignit.
Le sapin disparut et ses lumières se changèrent en étoiles.
En levant les yeux au ciel, la petite vit une étoile filante et pensa à sa grand-mère qui était morte et qui lui avait dit : "Quant une étoile s'éteint, c'est une âme qui monte au ciel".
Elle frotta une autre allumette et sa grand-mère apparut.
"Oh grand-mère !" s'écria la fillette, "emmène-moi, je sais que tu partiras quand l'allumette s'éteindra, comme le poêle, l'oie rôtie et le sapin !".
Alors elle frotta une autre allumette, puis une autre et encore une autre pour retenir sa grand-mère.
Elle en frotta toute une poignée et sa grand mère parut encore plus belle et plus grande.
Alors elle prit la fillette dans ses bras et toutes deux s'envolèrent vers les étoiles où il ne ferait plus jamais froid.Le lendemain matin, on retrouva la fillette morte de froid, son petit corps à demi enseveli sous la neige.
Elle avait le sourire aux lèvres et personnes ne sut ce qu'elle avait vu cette nuit-là, ni comment avec sa grand-mère elle avait rejoint les étoiles. Conte écrit par Hans Christian Andersen (1846)