Titre du blog : Mon univers
Auteur : lisbeth16
Date de création : 04-05-2009
posté le 31-05-2015 à 18:54:11
Cancer de la thyroïde : les dangers du dépistage
Cancer de la thyroïde : les dangers du
dépistage
Le
dépistage du cancer de la thyroïde est devenu dangereux.
Les
techniques d'imagerie actuelles sont trop puissantes.
Elles
conduisent, de façon artificielle, à « un tsunami de cancers de la thyroïde »,
ainsi que le formule un chercheur interrogé par le New York Times.
Le
nombre de cancers de la thyroïde a triplé aux Etats-Unis depuis quarante ans.
Il a été multiplié par 2,4 en Suisse depuis 1975. En France, il progresse de 2
à 6 % par an, selon Martin Schlumberger, chef de service de médecine nucléaire
de l'Institut de cancérologie Gustave Roussy à Villejuif.
Ce
ne sont pas des personnes qui vont mourir du cancer de la thyroïde. Les
chiffres de décès ne bougent pas : ils restent stables et faibles.
Ce
sont des personnes qui se sont fait diagnostiquer un cancer. Elles se croient
cancéreuses. Elles sont inquiètes, elles pensent qu'elles vont mourir, elles se
font opérer, elles subissent toutes sortes de séquelles.
«
Un tsunami de cancers de la thyroïde »
Déjà
il y a deux ans, le 27 août 2013, le British Medical Journal, une très
prestigieuse revue scientifique, avait tiré la sonnette d'alarme .
Il
expliquait que l'introduction des nouvelles techniques d'imagerie médicale dans
les années 80 avait conduit à une multiplication des « surdiagnostics » de
cancers de la thyroïde.
Les
nouveaux examens de la thyroïde (à l'ultrason) sont si perfectionnés qu'ils
détectent de minuscules tumeurs, qui passaient inaperçues autrefois.
Le
résultat a été une apparente épidémie de cancers de la thyroïde. Elle débouche
sur une très forte augmentation des interventions médicales et chirurgicales,
avec toute l'angoisse, les coûts et les séquelles que cela entraîne.
Car
un nombre incroyable de gens ont une tumeur de la thyroïde : « Si l'on
soumettait toute la population à un examen de la thyroïde par ultrasons, par
exemple, on trouverait vraisemblablement un nodule chez 50 % des gens – nodule
qui, dans plus de 80 % des cas, s'avère être une tumeur bénigne », selon
Nicolas Rodondi, médecin-chef de la Policlinique médicale de l'Ile à Berne
(Suisse) .
Il
vaudrait bien mieux ne rien faire !
Quand
la tumeur est détectée, la tentation est grande d'intervenir. Car le patient
est inquiet. Et le médecin craint que son patient ne se retourne contre lui
s'il ne fait rien et que la tumeur prolifère anormalement.
«
Si le résultat n’est pas vraiment rassurant, ce qui arrive souvent, on est
tenté de traiter ou d’opérer bien que le risque de voir la tumeur évoluer vers
un cancer soit finalement très faible », explique Idris Guessous, médecin à
l’Unité d’épidémiologie populationnelle des Hôpitaux universitaires de Genève
(HUG) .
Et
en effet, dans la très grande majorité des cas, il vaut bien mieux ne rien
faire.
Lorsqu'on
pratique des autopsies, on s'aperçoit qu'au moins un tiers des gens ont de
petits cancers de la thyroïde qui n'ont pas été détectés de leur vivant [6].
Pour d’autres la tumeur peut même régresser naturellement !
La
médecine institutionnelle est d'accord !
Contrairement
à ce qui se passe parfois avec ce type d'études allant contre la pensée
médicale dominante, les faits sont désormais si clairs qu'ils sont admis par la
plupart des instances officielles.
Par
exemple, vous pouvez lire ceci sur le site de la très officielle Fondation
Contre le Cancer :
«
L’incidence des cancers de la thyroïde a fortement augmenté au cours de ces dix
dernières années. On a d’abord pensé qu’il s’agissait d’une conséquence des
catastrophes de Tchernobyl et Fukushima. Mais on sait aujourd’hui que si le
diagnostic de ces cancers est devenu plus fréquent, c’est surtout grâce aux
progrès réalisés en imagerie médicale.
Ces
techniques récentes permettent de dépister de petites tumeurs, qui n’étaient
pas détectables autrefois. Or, beaucoup de ces petites tumeurs évoluent très
lentement, voire pas du tout. Même sans être traitées, elles n’auraient pas
provoqué de symptômes ou problèmes.»
Et
la chose vient d'être confirmée une nouvelle fois.
Une
nouvelle étude le confirme
Une
nouvelle étude très intéressante vient de paraître dans le New England Journal
of Medicine sur le cancer de la thyroïde.
Elle
indique que le nombre de cancers de la thyroïde a été multiplié par 15 en Corée
du Sud depuis que le dépistage généralisé a été introduit, en 1993.
Pourtant,
la mortalité par cancer de la thyroïde, elle, est restée stable.
Les
experts du cancer s'accordent à dire que la raison de cette augmentation n'est
pas une vraie augmentation du nombre de cas de cancers de la thyroïde.
Le
problème vient du dépistage qui a été généralisé en Corée. Cela a conduit à
trouver chez un grand nombre de gens des petites tumeurs inoffensives. Il
aurait mieux valu ne jamais les trouver, et les laisser tranquilles. Mais une
fois détectées, ni le médecin ni le patient ne veulent prendre le risque de les
laisser. On les opère agressivement.
Le
résultat est qu'un très grand nombre de personnes souffrent des complications
causées par des traitements inutiles
Le
traitement du cancer de la thyroïde est très coûteux, et il implique de retirer
la thyroïde, qui est une glande vitale pour la régulation des hormones.
Les
patients doivent prendre des hormones thyroïdiennes pour le restant de leur
vie. Pour beaucoup, le traitement est efficace, mais l’équilibre hormonal est
si fragile qu’un sentiment de mieux-être ne s’installera pas avant des années
de modifications dans les dosages du traitement, jusqu’à trouver le bon. En
attendant, les variations de poids, la dépression, la fatigue, la chute des
cheveux ou l’ostéoporose se manifesteront.
Il
arrive aussi que le chirurgien abîme les cordes vocales au passage. Cela s'est
produit chez 2 % des Coréens qui ont été opérés, débouchant sur une paralysie
des cordes vocales. Ils endommagent aussi parfois les glandes parathyroïdes qui
sont juste à côté et qui contrôlent le niveau de calcium dans l'organisme.
Lorsque
les glandes parathyroïdes sont abîmées, ce qui est arrivé chez 11 % des
patients traités en Corée du Sud, le patient souffre d'hypoparathyroïdisme, une
maladie difficile à traiter.
Interdire
le dépistage du cancer de la thyroïde
Des
médecins coréens appellent donc aujourd'hui à interdire le dépistage du cancer
de la thyroïde, à la suite du Dr Hyeong Sik Ahn du Collège de Médecine de
l'Université de Séoul, qui est le principal auteur de cette nouvelle étude.
Mais
leur appel a été ignoré jusqu'à présent par les autorités.
Aux
Etats-Unis, les experts de la thyroïde appellent également à limiter le
dépistage du cancer de la thyroïde et le traitement des petites tumeurs.
Bien
entendu, si quelqu'un remarque une boule dans sa thyroïde, il est important de
l'examiner.
Mais
les experts estiment aujourd'hui que, si tout paraît normal, il est absurde
d'aller essayer de rechercher un problème et de créer potentiellement des
complications inutiles.
Une
nouveauté médicale : les « Vomit »
Ce
problème des surdiagnostics, je vous en avais déjà parlé au sujet du cancer de
la prostate et du cancer du sein.
Les
techniques d'imagerie médicale ont fait tant de progrès que, si vous vous
faites dépister, il y a un risque important qu'on vous trouve, quelque part,
une tumeur.
Mais
comme il est impossible de savoir comment cette tumeur va évoluer, ces
diagnostics aboutissent à un grand nombre d'opérations qui n'auraient jamais eu
lieu autrement.
Et
les experts estiment aujourd'hui que la somme des accidents, complications,
effets indésirables et désagréments des surdiagnostics n'est pas compensée par
une réduction du nombre de décès par cancer.
Au
point qu'aux Etats-Unis un nouvel acronyme a été inventé : Vomit, pour « victim
of modern imaging technology » (victime de la technologie d'imagerie moderne).
Ce
sont toutes les personnes qui ont été opérées inutilement. Si elles n'avaient
pas fait de dépistage, elles ne se seraient jamais aperçues de rien, leur
tumeur n'aurait jamais évolué, leur vie n'aurait jamais été ni gênée ni menacée.
Pression
sur les médecins pour multiplier des examens
Certains
accusent les médecins de vouloir se « faire du fric » en multipliant les
examens et les opérations.
Mais
je suis convaincu, pour ma part, que ce n'est pas la cause principale de cette
évolution.
Il
faut penser au médecin français Pierre Goubeau qui a été attaqué en justice par
l'un de ses patients à qui il n'avait pas prescrit de test de dépistage sanguin
du cancer de la prostate – cancer que le patient a développé par la suite.
Aux
Etats-Unis, les médecins sont constamment menacés de poursuites judiciaires
pour les mêmes raisons. À partir du moment où un médecin sait qu'un examen ou
un traitement existe, il prend un risque à recommander à son patient de ne pas
le faire. Car si les choses tournent mal, c'est à lui que cela sera reproché.
Au
contraire, le médecin sage et prudent qui juge qu'il vaut mieux laisser son
patient tranquille, lui éviter des examens ou une opération inutiles, est
aujourd'hui menacé.
Selon
le Dr Emanuel Christ, président de la société suisse d'endocrinologie, « On
prescrit et on fait trop d'examens. » Et pourquoi ? « Des confrères me confient
parfois que cela leur prendrait moins de temps de faire un examen que
d'expliquer à certains de leurs patients pourquoi ce n'est pas nécessaire. »
explique-t-il au journal Le Temps .
C'est
donc à nous aussi, patients, d'être raisonnables et… patients.
Même
s'il est parfois difficile de résister à l'hystérie des médias et des campagnes
de « sensibilisation » sur le dépistage, sachons garder la tête froide.
La
surmédicalisation, c'est de plus en plus clair, coûte cher et provoque plus de
méfaits que de bienfaits.
Et
le meilleur service que vous pouvez vous rendre, pour éviter le cancer, c'est
d'essayer de vivre sainement… naturellement.
Source : La Lettre Santé Nature Innovation
Commentaires
on se croit souvent plus malade que l'on est et on voit trop d'articles qui nous mettent la peur