Récit d’une bénévole
J'habite un village de la province de Tolède. La majeure partie des habitants y sont chasseurs et galgueros.
Ces mêmes chasseurs et galgueros sont des personnes que nous côtoyons tous les jours alors que nous allons faire nos courses, puisque c'est notre boucher, notre boulanger, notre vétérinaire, etc.
Pourtant lorsque nous abordons le thème des pendaisons, des abandons, personne n'est coupable, personne ne sait qui s'y adonne, personne n'avoue jamais avoir abandonné son chien.
Eux, ils ne le font jamais, c'est, du moins, ce qu'ils racontent, mais si vous leur demandez l'âge de leurs chiens de chasse ou de leurs plus vieux galgos, vous vous apercevez très rapidement, qu'ils ont moins de 5 ans (!!!), alors qu'eux pratiquent la chasse depuis une bonne trentaine d'années. Leur excuse, ils l'ont toute prête : "Je l'ai donné".
Pire, ils ont l'hypocrisie de dire qu'ils aiment beaucoup leurs chiens, mais cela ne
leur fait ni chaud ni froid de les exposer à une balle perdue, de les faire tuer!!
Canailles hypocrites!!
Pourquoi n'emmènent-ils pas leur enfant sur le terrain pour lever le gibier alors que d'autres chasseurs tirent?
Les "cadeaux" de chiens ou de galgos n'existent pas, car un chasseur ou un
galguero n'offre aucun "bon" chien, tout au plus il le vendra.
Ensuite il y a les vols. Ils sont capables de franchir jusqu'à 5 clôtures d'affilée et
balancer un chien le long d'un mur, aidé de leur acolyte.
En pleine partie de chasse, un galguero peut se retrouver avec le canon d'un fusil sous le nez et se voir délester de son galgo.
Ce sont presque toujours d'autres chasseurs et galgueros "amis" qui savent que c'est un bon chien.
L'une des saisons de chasse se termine, je précise bien "l'une", car entre une chose et l'autre, ils ont toujours une autorisation pour faire feu à l'instar des gardes forestiers.
Les entreprises chargées du ramassage des ordures ont, pendant deux mois, la permission de tirer les chiens errants, ensuite on défausse.
Ici, cela doit être interdit d'amener des chiens.
À présent c'est l'holocauste des chiens de chasse, qui commence : épagneuls
bretons, podencos, braques, galgos, terriers surgissent de partout, beaucoup d'entre eux sur les bas-côtés, leur dépouille en putréfaction.
Souvent, nous trouvons les chiens très gravement blessés, à cause de pièges,
d'accidents de la route, voire d'une balle perdue.
À d'autres occasions, ils errent à la recherche de nourriture. Certains leur tendent la main et par désespoir, ces chiens montent dans les voitures quand tu leur ouvres la portière.
Moi, j'habite à 50 m. d'une chasse gardée.
J'ai vu en sortir une galga, encore la corde au cou.
Les gardes forestiers, de nuit, profitent de ramasser les cadavres des chiens et de les mettre à la décharge.
J'ai honte de ce pays quand tu les vois leur journée d'assassinat terminée dans un bar pour se rafraîchir le gosier à se vanter de leurs prouesses au tir.
Dehors, se trouvent de minuscules remorques dans lesquelles sont entassés comme de sardines leurs chiens de chasse, assoiffés, exténués.
Des remorques dans lesquelles aucun être vivant ne devrait être transporté, et pourtant...
Et en bout de chaîne de leur "hobby", de leur "sport", il y a nous, celles qui
s'échinent à recueillir ces chiens, ces galgos, qui n'ont pas été sélectionnés, dont il faut se défaire,qui ont des remplaçants, du sang neuf pour la prochaine saison.
"Je ne peux pas le garder, car il ne le vaut pas" voilà leurs propres paroles,
autrement dit : pas de nourriture pour celui qui ne répond pas aux expectatives. Ils reproduisent encore et encore, sélectionnent, font du troc dans un seul but : avoir un bon outil de chasse.
Chaque bénévole aura mille anecdotes à raconter, à commencer par celle de se
faufiler dans des endroits pas possible en risquant sa vie, mais sur le moment
lorsque tu veux sauver, tu ne penses pas à toi.
Nous menons un train d'enfer, nous travaillons, nous sommes des mères, des
épouses et nous devons concilier le fait de ramener les chiens à la maison, les
transporter sur des centaines de kms, les conduire chez le vétérinaire.
C'est très dur, nous devons faire beaucoup de sacrifices.
Notre quotidien est très dur surtout que le flot d'abandons est incessant. Tous les ans, c'est la même chose, c'est sans fin.
Une bénévole
Commentaires
Bonsoir!
Ce texte est empreint de réalisme et pour cause ... c'est ce que vit mon amie au quotidien. Elle a eu la gentillesse de me l'envoyer pour que je le traduise et que la situation des bénévoles soit finalement connue et reconnue.
Par contre, je regrette que la source ne figure plus sur votre blog, blog au demeurant fort bien conçu
Meilleures salutations
Historique récit!